L’utilisation des substances psychédéliques classiques (champignons magiques, LSD, DMT)  et atypiques (Kétamine, MDMA, Ibogaïne) en psychothérapie  remonte  aux années 50-60. L’avancement de nos connaissances sur leur efficacité a souffert de 30 ans d’interruption en raison de leurs interdictions dans les années 70. Les recherches n’ont pu reprendre qu’au début des années 2000.

Il existe aujourd’hui un intérêt très médiatisé pour le retour  à l’utilisation de ces substances en thérapie. Divers troubles sont ciblés, en tête de liste, la dépression majeure et l’angoisse de fin de vie. Il existe des indications que cette forme d’intervention permettrait un soulagement plus rapide de l’état dépressif que les traitements traditionnels, y compris dans les formes résistantes. 

NOTRE POSITION 

Si des résultats très prometteurs ont été rapportés dans la littérature scientifique, nous demeurons à l’aube des recherches de qualité sur les hallucinogènes.

Ainsi, nous avons encore tout à découvrir sur la méthode d’administration (champignons complets ou poudre de psilocybine), les mécanismes thérapeutiques sous-tendant leur efficacité, les risques et les indications de traitement. Par exemple, quel hallucinogène est efficace avec quel trouble psychologique et à quelle dose? Le type de psychothérapie, accompagnant l’intervention pharmacologique, demeure également sujet à débats. L’expérience nous apprend en effet que les hallucinogènes ne s’avèrent efficaces que dans le cadre d’une psychothérapie, comportant une forte relation de confiance entre participant(e)s et thérapeutes. 

Afin de protéger le public, notre position est donc de procéder avec la plus grande prudence, d’abord dans la dissémination des connaissances actuelles, ensuite, dans l’administration de ces traitements. Cette prudence se reflétera par :

1. Une sélection rigoureuse des participant(e)s à qui ce traitement sera offert.

2. Des protocoles de traitement, qui devront être approuvés par des comités d’éthique universitaires.

3. Un accompagnement par deux psychologues séniors (hommes, femmes, non-binaires) pendant leurs expériences psychédéliques.

Aussi, les participant(e)s seront aidé(e)s  à bien se documenter, avant d’entreprendre ces traitements. Nous croyons que pour ce type d’intervention, un choix éclairé est fondamental.

PRÉVENTION DES RISQUES DE L’UTILISATION DES HALLUCINOGÈNES

Nous sommes conscients qu’une partie du public, exposée à l’information fournie par les médias et voulant cesser de souffrir, va chercher à s’automédicamenter à l’aide de ces hallucinogènes. Considérant que ces substances demeurent illégales, d’une qualité non contrôlée, en plus de comporter des risques de réactions indésirables, le CPB souhaite offrir un service de prévention des risques liés à l’utilisation des hallucinogènes.

Si la meilleure façon d’utiliser les hallucinogènes en thérapie fait l’objet de recherches, nous connaissons depuis longtemps les conditions minimisant la survenue d’un état de crise : Le Bad Trip.

Ce service visera à réduire ces risques en fournissant de l’information sur :

1. Les  dernières connaissances scientifiques sur la thérapie psychédélique.

2. Les conditions de vulnérabilité physique et psychologique qui sont des contre -indications pour leur utilisation.

3. Les services bénévoles où la qualité des hallucinogènes peut être évaluée.

4. La préparation requise, le fameux  » Set et Setting « , de Timothy Leary, pour une expérience psychédélique à moindre risque.

5. Les précautions de sécurité à considérer.

6. Ce qu’il faut  faire en cas de Bad Trip.

7.  Les méthodes traditionnelles de psychothérapie pouvant être utilisées comme alternatives aux hallucinogènes.

Il sera également possible pour d’autres client(e)s, de discuter d’expériences vécues sous l’effet de psychédéliques dans une perspective d’intégration psychologique.

Finalement, nous sommes conscients que les hallucinogènes ont été et sont encore utilisés à des fins controversées. Notre démarche se fera en accord avec les valeurs humanistes, de respect de la personne, éducation, liberté de choix, égalité, inclusion, tolérance et pacifisme.